CAN 2025 : la FIFA autorise les clubs européens à retenir leurs joueurs jusqu’au 15 décembre, colère en Afrique
- Amadou Diallo
- 4 déc.
- 3 min de lecture

À moins de trois semaines du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 au Maroc, la FIFA a ravivé les tensions entre clubs européens et sélections africaines. L’instance internationale a officialisé, le 3 décembre, une décision très contestée : les clubs seront autorisés à conserver leurs internationaux africains jusqu’au 15 décembre, réduisant d’une semaine la préparation des équipes nationales.
Une victoire pour l’ECA, un revers pour l’Afrique
Cette mesure, perçue comme un succès majeur pour l’Association Européenne des Clubs (ECA), fait suite à la pression exercée par les clubs engagés en compétitions européennes. L’ECA estimait que la libération initialement prévue pour le 8 décembre priverait plusieurs formations de leurs cadres à un moment clé de la saison, notamment lors des dernières journées des coupes européennes.
La FIFA a donc tranché en faveur des clubs, mais sans consultation préalable de la Confédération Africaine de Football (CAF), des fédérations nationales ou des sélectionneurs. Une décision unilatérale qui renforce le sentiment d’injustice ressenti dans de nombreux pays africains, où l’on dénonce un nouveau camouflet pour le football du continent.
Préparations bouleversées et complications logistiques
Pour les sélections, cette réduction du temps de préparation représente un véritable casse-tête. Les stages programmés de longue date — incluant entraînements, acclimatation et matches amicaux — doivent être réorganisés en urgence.
Au Sénégal, la traditionnelle remise du drapeau national, prévue le 12 décembre, pourrait se dérouler sans la plupart des internationaux évoluant en Europe. En Algérie, la frustration est palpable : le staff avait planifié un rassemblement dès le 8 décembre, avec des rencontres amicales essentielles pour ajuster les derniers réglages avant le tournoi.
Au-delà de l’aspect sportif, les fédérations doivent également absorber des coûts logistiques imprévus : réservations d’hôtels modifiées, vols reprogrammés, infrastructures à renégocier.
Benatia au cœur de la polémique
Les tensions se sont accrues après la prise de position de Mehdi Benatia. Le directeur sportif de l’Olympique de Marseille — et ancien capitaine de la sélection marocaine — s’est exprimé sans ambiguïté sur RMC, affirmant espérer conserver ses joueurs jusqu’au 15 décembre, notamment pour la Ligue des champions et un match crucial contre Monaco.
Une déclaration perçue comme un affront au Maroc, pays hôte de la CAN 2025. De nombreux observateurs s’étonnent qu’un ancien pilier des Lions de l’Atlas place aussi ouvertement les intérêts de son club avant ceux des sélections africaines, dans un contexte déjà explosif.
Un précédent inquiétant pour le football africain
Cette décision soulève une question plus large : celle d’un calendrier international perçu comme inéquitable. Plusieurs voix dénoncent un double standard, rappelant que les compétitions européennes ou sud-américaines bénéficient d’une protection institutionnelle bien plus forte.
Pour les fédérations africaines, l’inquiétude est claire : si les clubs européens peuvent obtenir de tels aménagements à seulement quelques semaines de la CAN, jusqu’où iront-ils lors des prochaines éditions ? Et quelle marge restera-t-il aux sélections nationales pour défendre leurs intérêts ?
La FIFA, de son côté, invite clubs et fédérations à « discuter de bonne foi » pour trouver des solutions individuelles. Mais le rapport de force semble désormais encore plus déséquilibré.
Une CAN 2025 déjà fragilisée
La Coupe d’Afrique des Nations 2025, présentée comme une grande vitrine pour le football africain, s’ouvre finalement sous le signe de la controverse. Les sélectionneurs devront redoubler d’ingéniosité pour préparer leurs équipes dans un délai extrêmement réduit, transformant ce qui devait être une fête sportive en véritable course contre la montre.
Haoua SANGARÉ
LETJIKAN








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