Flambée des prix de denrées alimentaires pendant le ramadan : C’est une réaction passagère…
- journaletjikan
- 12 avr. 2022
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Le ministre de l’Industrie et du Commercea animé, vendredi 8 avril, dans les locaux de son département, une conférence de presse sur l’augmentation des prix de certains produits alimentaires surtout en cette période de ramadan, période de forte consommation, couplée à l’augmentation des cours mondiaux des produits.
A en croire le ministre, face au contexte de la flambée des prix à travers le monde, le gouvernement du Mali n’est pas resté insensible à la quête du pouvoir d’achat des populations. C’est pourquoi, dit-il, l’objectif de ladite rencontre n’est pas de polémiquer sur le phénomène de la hausse des prix, mais plutôt édifier les populations sur des augmentations et les réponses apportées par le gouvernement pour atténuer sur les frets à travers des mesures d’anticipation élaborées et intelligemment mis en place depuis longtemps.
«Il y a lieu de reconnaître que pour certains produits, les prix ont effectivement augmenté, mais pour d’autres les prix sont restés stables grâce aux efforts du gouvernement et de tous les acteurs économiques du pays. Pour mieux analyser l’évolution des prix, il y a lieu de distinguer trois catégories de produits. Les produits majoritairement importés (sucre, riz, l’huile alimentaire, lait, le farine), les produits de contre-saison comme les légumes, les fruits et les tubercules alimentaires et les produits issus des cultures saisonnières (riz gambiaka, sorgho et maïs)», a-t-il rappelé.
Avant d’expliquer que le marché international est caractérisé par une augmentation du cours mondial de la plus part des produits alimentaires et cela, consécutivement à la reprise des activités économiques post-Covid, mais aussi la nouvelle donne de conflit Russe-Ukraine, ayant entraîné une once généralisée de la demande par rapport à l’offre. À ses dires, le prix sur Dakar de la tonne de riz brisure % est passé de 225 000 FCFA à 270 000 FCFA, soit une augmentation de 45 000 FCFA. Pour le sucre, le prix fournisseur de la tonne est passé de 275 000FCFA à 370 000 FCFA soit une hausse de 95 000 FCFA. S’agissant de l’huile de palme de la Côte d’Ivoire, le prix fournisseur de la tonne qui s’établissait en 2020 à 787 000 FCFA est passé de 900 000FCFA soit une augmentation de 116 000FCFA. Au même moment le fret maritime a aussi augmenté de 20% entre 2020 et 2022.
Face à ces augmentations, il dira que le gouvernement a consenti une baisse de 50% de la base taxable sous forme de subvention à l’importation de 300 000 tonnes de riz, 60 000 tonnes de sucre, et 30 000 tonnes d’huile alimentaire qui correspond à 2 mois et demi de consommation nationale.
Et pour lui, cette subvention n’avait pas pour but de diminuer les prix à la consommation, mais plutôt d’atténuer les hausses car les droits de taxe exonérée au cordon douanier n’arrivent pas à compenser les augmentations intervenues sur les prix fournisseurs. «Ainsi, pour des augmentations de prix fournisseur de l’ordre de 45 000 FCFA pour la tonderie, 95 000FCFA pour le sucre et 116 000 FCFA pour l’huile de palme, l’Etat a renoncé à percevoir au cordon douanier des droits et taxes évalués respectivement à 32 000 FCFA, 49 800 FCFA et 48 720 FCFA afin de rendre accessibles aux populations les produits subventionnés, mon département a entrepris des consultations avec les principaux exportateurs et les membres du conseil national des prix pour la détermination des prix consensuels sur la base de l’analyse des structures des prix, les produits subventionnés », a-t-il ajouté.
A en croire Mahmoud Ould Mohamed, ces consultations ont abouti à la signature d’un cahier de charges déterminant les conditions d’importation et de distribution des produits exonérés. Les prix indicatifs plafond ont ainsi été réglementés par l’arrêté 2022-0865MIC/SG du 6 avril 2022.
Et pour s’assurer du respect de ces prix, il a prévenu que les brigades économiques de la DGCC, appuyée par les forces de sécurité, sont déployées quotidiennement sur les marchés pour sanctionner les auteurs des éventuelles infractions. Même s’il reconnaît que cette structure n’est pas mieux fournie en équipements ni en personnel pour pouvoir satisfaire les besoins de couverture de tous les marchés à tout moment et en tout lieu. À titre d’exemple, il a révélé que pour Bamako, elle ne possède que 4 véhicules.
«La semaine passée, il y a eu beaucoup de polémique autour du prix de légumes et autres produits saisonniers qui n’en valaient pas la peine. Ce sont des cultures de contre-saison durant laquelle la disponibilité est très abondante au point que les producteurs cèdent à vile-prix leurs productions. S’agissant des céréales, l’augmentation des prix est consécutive à la faiblesse de la production céréalière résultante de l’arrêt précoce de la pluie, conjugué avec les effets de l’insécurité dans les zones de production ayant empêché le déroulement normal des travaux champêtre», a-t-il indiqué.
Et de rassurer que pour sécuriser la production locale, des mesures de suspension d’exportations des céréales ont été prises par le gouvernement. D’après lui, d’autres mesures sont en cours pour anticiper les impacts de la campagne agricole, il s’agit de l’adoption par le gouvernement du plan d’urgence axé autour de l’achat de 200 000 tonnes de riz par le Commissariat à la sécurité alimentaire pour lesquels, les ventes d’interventions et de distributions gratuites seront organisées pendant les périodes de soudure afin de stabiliser les prix à la consommation.
Par ailleurs, il a tenu à rappeler qu’à l’amorce du mois de ramadan, il a été constaté de la fluctuation du prix de la plupart des denrées alimentaires. Pour lui, cette situation liée à un changement d’habitude alimentaire est normale du point de vue économique en période de ruer de consommateurs sur ces produits, entraînant du cours d’augmentation de la demande. «C’est une réaction passagère et ne pressage aucune imperfections, mais plutôt une dynamique des structures de l’offre qui s’adaptent bien à la demande. Des produits autrefois peu consommés tels que les gingembres, citrons, bissap voient les demandes explosées durant le ramadan. Ces augmentations n’ont pas que des effets négatifs ; elles permettent aussi d’assurer un revenu à des couches sociales notamment les femmes évoluant dans l’informel et elles participent aussi à la lutte contre la pauvreté», a-t-il mis au point.
Moussa Sékou Diaby
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