Guinée-Bissau : six jours après le putsch, la CEDEAO ouvre le dialogue mais exige un retour à l’ordre constitutionnel
- Amadou Diallo
- 2 déc.
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Six jours après le coup d’État qui a interrompu le processus électoral en Guinée-Bissau, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a entamé, lundi 1ᵉʳ décembre, une médiation à Bissau dans un climat marqué par la méfiance et de nombreuses zones d’ombre. Malgré des discussions qualifiées de « productives », l’organisation régionale maintient une position ferme : le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et la reprise du processus électoral.
Un putsch largement contesté
Le coup de force mené par le général Horta N’Tam est loin de susciter l’adhésion. Contrairement à d’autres renversements récents dans la sous-région, ce putsch n’a pas trouvé d’écho favorable auprès de la population. L’arrêt brutal du processus électoral, juste avant la proclamation des résultats des présidentielle et législatives, a été condamné par des organisations de la société civile et par de nombreux partenaires internationaux.
Pour plusieurs observateurs, l’éviction du président Umaro Sissoco Embaló ressemble davantage à une opération orchestrée qu’à un véritable soulèvement militaire. La mise en scène, jugée « incohérente », ainsi que l’attitude controversée de l’ancien chef de l’État – accusé d’avoir préféré remettre le pouvoir à l’armée plutôt que d’accepter l’issue du vote – alimentent un sentiment de manipulation. Ce climat de suspicion a fortement fragilisé la légitimité de la junte dès son installation.
La CEDEAO hausse le ton
La mission de la CEDEAO, menée par son président en exercice, le Sierra-Léonais Julius Maada Bio, intervient donc dans un contexte particulièrement délicat. Le ministre sierra-léonais des Affaires étrangères, Alhadji Timothy Kaba, a rappelé la condamnation ferme de l’organisation et exigé le retour à l’ordre constitutionnel, en insistant sur la nécessité de reprendre le processus électoral interrompu.
Les responsables militaires, désormais à la tête d’une transition d’un an, affirment avoir agi pour « préserver la stabilité ». Le Premier ministre de transition, João Bernardo Vieira, a annoncé que la durée de la transition serait présentée lors du sommet de la CEDEAO prévu le 14 décembre à Abuja.
Une crise atypique qui pourrait favoriser la médiation
La nature même du putsch, contestée jusque dans son authenticité, offre paradoxalement à la CEDEAO une marge de manœuvre plus souple. La désapprobation populaire et la fragilité du nouveau pouvoir pourraient faciliter l’obtention d’engagements sans recourir à des sanctions immédiates.
Cependant, l’organisation régionale devra composer avec un facteur historique majeur : la profonde méfiance de l’armée bissau-guinéenne envers le PAIGC, principal parti d’opposition, perçu comme l’un des enjeux centraux de la crise actuelle.
Pendant ce temps, les Bissau-Guinéens demeurent dans l’incertitude. Les résultats des élections n’ont toujours pas été annoncés, et le pays attend de connaître la suite du processus politique, encore suspendu aux tractations entre la junte et la CEDEAO.
Source: Afrik.Com
Haoua SANGARÉ
LETJIKAN








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