Guinée : le projet Simandou entre enfin dans sa phase d’exploitation
- Amadou Diallo
- 9 oct.
- 3 min de lecture

Conakry, octobre 2025 – C’est un tournant historique pour la République de Guinée. Après près de trois décennies d’attente, le pays a officiellement lancé l’exploitation du gigantesque gisement de fer de Simandou, l’un des plus importants au monde. Les premières extractions ont démarré en septembre 2025, tandis que les exportations commerciales sont prévues pour novembre 2025. Un projet titanesque appelé à transformer durablement l’économie guinéenne.
Un chantier d’envergure continentale
Situé dans la région forestière de l’Est, à la frontière du Liberia et de la Côte d’Ivoire, le gisement de Simandou s’étend sur plus de 110 kilomètres de montagnes. Il recèle plus de 2 milliards de tonnes de minerai de fer d’une pureté exceptionnelle, avec une teneur moyenne de 65 % en fer, faisant de lui l’un des gisements les plus riches au monde.
Fruit d’un investissement colossal estimé à 21,5 milliards de dollars, le projet réunit une coalition internationale menée par le géant anglo-australien Rio Tinto, aux côtés de partenaires chinois majeurs tels que Chinalco, Baowu Steel et Hongqiao Group. Cette alliance traduit la forte dimension géopolitique du projet, au cœur des enjeux mondiaux liés à la transition vers l’acier vert.
Les infrastructures associées au projet impressionnent : une voie ferrée de 600 kilomètres reliant l’est à l’ouest du pays, 235 ponts, 24 kilomètres de tunnels, et un port en eau profonde à Morebaya, sur la côte atlantique. Ce chantier pharaonique a nécessité d’importants travaux dans la forêt tropicale guinéenne.
Un moteur pour l’économie nationale
À pleine production, Simandou devrait livrer jusqu’à 120 millions de tonnes de minerai de fer par an, destinées principalement aux aciéries asiatiques. Le projet emploie déjà plusieurs milliers de travailleurs, dont 85 % de Guinéens, générant d’importantes retombées économiques et sociales.
Le président du Comité stratégique du projet Simandou a réaffirmé la volonté du gouvernement d’assurer une transformation locale du minerai, avec la construction d’une aciérie nationale envisagée dans les deux années suivant le début des exportations.
Au-delà de sa portée économique, le minerai de Simandou – particulièrement riche en fer – représente un atout stratégique pour la décarbonation de la sidérurgie mondiale. Sa qualité exceptionnelle le rend compatible avec les nouvelles technologies de production utilisant l’hydrogène, une alternative plus propre au charbon à coke.
Entre défis environnementaux et enjeux de gouvernance
Si l’optimisme est de mise, le projet Simandou suscite également des préoccupations environnementales et sociales. La Guinée abrite près des deux tiers de la population mondiale de chimpanzés d’Afrique de l’Ouest, une espèce menacée d’extinction, dont une partie vit à proximité du tracé ferroviaire du Transguinéen. Des organisations de
défense de l’environnement appellent à une vigilance accrue quant à l’impact du projet sur la biodiversité.
Le projet n’est pas non plus exempt d’un passé controversé. Simandou a été marqué par des affaires de corruption et des litiges sur les droits miniers, ayant ralenti son développement pendant plusieurs années.
Mais aujourd’hui, après près de 30 ans de rebondissements depuis la première licence d’exploration accordée en 1997, le rêve devient réalité : le fer guinéen s’apprête à conquérir les marchés mondiaux.
Une nouvelle ère pour la Guinée
Le lancement du projet Simandou symbolise l’entrée de la Guinée dans une nouvelle ère industrielle et minière. Porteur d’immenses promesses, il pourrait repositionner le pays comme un acteur clé du marché mondial du fer et un modèle africain de valorisation des ressources naturelles, à condition que les bénéfices économiques s’accompagnent d’une gestion transparente et durable.
Source : Afrik.Com
Haoua Sangaré
LETJIKAN








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