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Tunisie : la cour d’appel confirme de lourdes peines contre l’opposition, Amnesty dénonce un procès « inéquitable »

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La cour d’appel de Tunis a confirmé, mercredi 27 novembre, des peines allant jusqu’à 45 ans de prison dans l’affaire dite du « complot contre la sûreté de l’État ». Ces verdicts, qualifiés de politiquement motivés par plusieurs organisations de défense des droits humains, illustrent une nouvelle intensification de la répression visant les voix critiques du régime du président Kaïs Saïed.

Des condamnations alourdies pour plusieurs opposants

Parmi les 34 accusés, plusieurs figures centrales de l’opposition tunisienne ont écopé de peines particulièrement sévères.

•             L’économiste Khayyam Turki a été condamné à 35 ans de prison.

•             Jaouhar Ben Mbarek, Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi et Ridha Belhaj ont chacun reçu 20 ans.

•             Abdelhamid Jelassi a été condamné à 10 ans.

La cour a également alourdi certaines peines, notamment celle de Jaouher Ben Mbarek, passée de 18 à 20 ans, alors que ce dernier observait une grève de la faim de 31 jours pour dénoncer sa détention.

D’autres personnalités déjà emprisonnées dans d’autres dossiers ont été sanctionnées :

Noureddine Bhiri : 20 ans

Sahbi Atig : 10 ans

Saïd Ferjani : 10 ans

La justice tunisienne a également prononcé des condamnations par contumace, dont 33 ans de prison contre l’avocate et militante Bochra Bel Haj Hmida, réfugiée à l’étranger.

Un procès rejeté par les ONG pour ses irrégularités

La procédure est largement dénoncée par les organisations de défense des droits humains, qui y voient un procès inéquitable. Depuis avril 2024, la justice tunisienne impose la comparution à distance dans les dossiers qualifiés de « terrorisme », invoquant un « danger imminent » jamais détaillé.

Les accusés ont, à plusieurs reprises, été informés des audiences à la dernière minute et privés du droit de comparaître physiquement, en violation du droit à un procès équitable, rappelle Amnesty International.

Parallèlement à cette affaire, les autorités tunisiennes multiplient les poursuites contre journalistes, avocats et militants. Le décret-loi 54 de 2022, officiellement destiné à lutter contre les fausses informations en ligne, est désormais considéré comme un outil majeur de répression de la liberté d’expression.

Plusieurs journalistes ont déjà été condamnés en vertu de ce texte, notamment :

Chadha Hadj Mbarek (5 ans de prison, février 2025)

Khalifa Guesmi, reporter à Mosaïque FM

L’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, emprisonnée à la prison de Manouba, purge une peine de 18 mois après avoir dénoncé des discours racistes dans les médias. Elle fait par ailleurs face à plusieurs autres poursuites.

Vives réactions internationales

La décision de la cour d’appel a immédiatement provoqué un tollé international. La directrice régionale d’Amnesty International, Sara Hashash, a qualifié ces verdicts de « coup dur pour le système judiciaire tunisien », accusant les autorités d’utiliser la justice pour réduire au silence la dissidence politique.

 

Le Parlement européen a réagi dès le lendemain en adoptant, par 464 voix contre 58, une résolution appelant à la libération de toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.

Un pays où les libertés reculent

Pour de nombreuses ONG, cette vague de condamnations illustre une dégradation profonde des libertés publiques en Tunisie, autrefois considérée comme l’un des rares espoirs démocratiques du monde arabe. Les organisations de la société civile appellent désormais à un sursaut national et international pour préserver l’héritage de la révolution et les acquis démocratiques de la dernière décennie.

 

Source: Afrik.Com

 

 

Haoua SANGARÉ

 LETJIKAN

 


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