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Cameroun : Paul Biya réélu pour un huitième mandat à 92 ans, entre stabilité affichée et contestation persistante

Paul Biya
Paul Biya

Yaoundé, octobre 2025 — Sans grande surprise, le président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quatre décennies, a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle pour un huitième mandat consécutif, selon les résultats officiels du Conseil constitutionnel. À 92 ans, le chef de l’État conserve son fauteuil avec 53,66 % des suffrages, consolidant son statut de doyen des dirigeants en exercice dans le monde.

Un scrutin sous tension et contesté

Le vote du 13 octobre 2025 s’est déroulé dans un climat tendu, marqué par des accusations de fraude, des difficultés logistiques et une participation modérée. Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, toujours touchées par le conflit séparatiste anglophone, ont été particulièrement affectées.

L’organe électoral Elections Cameroon (Elecam) a pourtant salué un scrutin « libre, transparent et conforme à la législation ». Une déclaration que l’opposition rejette catégoriquement.

Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front du changement démocratique (FCD) et principal rival du président sortant, affirme détenir des preuves d’une victoire de l’opposition à 54,8 % des voix. Il dénonce un système électoral “verrouillé” et accuse le régime de bourrages d’urnes, d’intimidations et de coupures d’Internet dans certaines zones rurales.

Recours rejetés et mécontentement populaire

Saisi par plusieurs candidats, le Conseil constitutionnel a rejeté en bloc tous les recours, jugeant les arguments de l’opposition « irrecevables ou non fondés ». Cette décision, confirmant la victoire du président Biya, a déclenché une vague de manifestations à Douala, Yaoundé et Garoua, rapidement dispersées par les forces de l’ordre.

Le bilan officiel fait état de quatre morts et plusieurs blessés, tandis que des ONG locales évoquent un nombre plus élevé de victimes. Plusieurs figures de l’opposition, dont Djeukam Tchameni et Anicet Ekane, ont été interpellées pour « incitation à la révolte ».

Le gouvernement a dénoncé des « manœuvres de déstabilisation », accusant l’opposition de vouloir « semer le chaos ».

Un pouvoir solidement ancré mais contesté

Arrivé au pouvoir en 1982, Paul Biya a su maintenir une emprise ferme sur les institutions grâce à un réseau d’alliances au sein du parti, de l’armée et de l’administration. La suppression de la limitation des mandats en 2008 a renforcé cette longévité politique.

Son style de gouvernance, souvent décrit comme « présidentiel à distance », divise profondément. Pour ses partisans, il incarne la stabilité dans un pays confronté à des crises multiples. Pour ses opposants, il symbolise l’immobilisme et la confiscation du pouvoir.

Des défis économiques et sécuritaires majeurs

Le nouveau mandat s’ouvre dans un contexte de ralentissement économique, marqué par l’inflation, la baisse des revenus pétroliers et une dette publique croissante.

Sur le plan sécuritaire, la crise anglophone reste la principale menace : les affrontements entre séparatistes et forces gouvernementales ont déjà fait plus de 6 000 morts depuis 2017. La jeunesse camerounaise, confrontée au chômage et au désenchantement politique, réclame des réformes profondes.

Sur le plan diplomatique, Yaoundé cherche à maintenir un équilibre prudent entre ses partenaires historiques, la France et la Chine, et ses voisins régionaux, le Nigeria et le Tchad, dans une stratégie de stabilité extérieure.

La question de la succession plane

À 92 ans, Paul Biya détient un record de longévité inégalé sur la scène politique mondiale. Si ses partisans louent sa « sagesse » et son « expérience », la question de la transition politique devient inévitable.

Officiellement, le président n’a jamais évoqué de plan de succession. Mais en coulisses, des figures du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) se positionnent déjà pour l’après-Biya, dans un pays où la stabilité repose encore largement sur la figure d’un seul homme.

Source: Afrik.Com

 

Haoua SANGARÉ

LETJIKAN

 


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