Chronique Révolté d’un jour : La prophétie d’Anéfif !!!
- journaletjikan
- 22 oct. 2021
- 3 min de lecture

Je m’en voudrais de ne pas vous raconter la petite histoire, car je m’en souviens comme si c’était hier. Cela faisait six mois que le Président Amadou Toumani Touré « ATT » avait été chassé du pouvoir par la junte dirigée par le Capitaine Amadou Haya Sanogo. Et dans le même temps, tout le Nord du Dougouba venait d’être infesté par les terroristes venus de la Libye. Gao, Kidal et Tombouctou, les trois capitales régionales devenaient du coup le sanctuaire des barbus. Une mission de bons offices devait se rendre dans les trois villes pour, selon les initiateurs, parler aux hommes en armes.
Pour immortaliser leur projet, les responsables de l’Association Ginna Dogon, initiatrice de la mission, adressa une lettre à l’Essor, pour demander un journaliste pour la couverture. Je ne sais pas encore pourquoi, mais je me souviens de la petite phrase de mon Rédacteur en chef à l’époque dont je tairais le nom ici : « Lassine, est-ce que tu acceptes d’aller en mission au nord maintenant ? ». La question est d’autant plus saugrenue et gênante quand on sait que dans ce métier de journaliste, le Rédacteur en chef demeure le patron.
Que pouvais-je répondre, si ce n’est d’acquiescer ? Mon patron me remit la lettre d’invitation, tout en me regardant comme s’il regrettait lui-même son geste. Le jour du départ, j’étais comme saisi par un dilemme. D’un côté, j’avais la peur au ventre d’y aller à cause des images qu’on projetait depuis l’arrivée des barbus dans ces villes. Mais de l’autre, j’étais poussé par une forte curiosité de voir de près ces fous de Dieu. J’avoue que c’est cette seconde motivation qui m’a le plus porté. Je pris soins de ne pas trop en parler à Madame qui ne sut ma destination que tard dans la nuit lorsque je me trouvais déjà à Douentza. Ces plaintes et lamentations n’y changèrent rien. J’étais déjà hors de Dougouba. Inutile de vous souligner que la ligne rouge à l’époque c’était la ville de Konna, à quelques kilomètres de Mopti.
C’était un 08 septembre 2012. Nous revenions de Kidal. À Anéfif, notre délégation rencontra l’homme le plus recherché au monde. Et oui comme par magie, Iyad Ag Ghali, sortit de sous les bois (un buisson de balanite) et nous invita sur des nattes posées à même le sol. Après les salutations d’usage, « l’illustre personnage » a été briefé sur les objectifs de la mission qui, selon les responsables, ne sont que la recherche de la paix à Dougouba. Ils sont souligné les relations séculaires qui sous-tendent les liens entre les communautés du Nord et celles vivant dans les Falaises de Bandiagara. Des mots qui ne se sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd.
Iyad Ag Ghali mit la main sur le cœur et parla d’un ton calme et solennel. Il rassura notre délégation de tout faire pour ramener la paix à Dougouba. Ben dis donc, le Monsieur n’est sûrement pas aussi dangereux comme on l’imaginait, me suis-je dit. « Alors, pourquoi tant d’animosité et de haine avec Bamako ? », me suis-je hasardé de lui demander. « Il n’y a pas d’animosité, encore moins de haine avec qui que ce soit. Pas plus que l’État malien. C’est juste un malentendu entre nous Maliens. Tôt ou tard, Monsieur Diarra, nous allons nous retrouver entre nous Maliens. Que cela se fasse de mon vivant ou pas ».
Iyad Ag Ghali est encore vivant. Fort heureusement. Et ces propos sont plus d’actualité, pour ne pas dire, en passe d’être réalisés. La volonté des autorités de la transition de prendre langue avec lui et Amadou Kouffa constitue un tournant décisif dans la recherche d’une paix définitive à Dougouba. En donnant mandat au Haut conseil islamique (HCI) de faciliter les contacts avec les groupes terroristes, les autorités de la transition matérialisent une aspiration exprimée par le peuple malien à travers les conclusions du Dialogue national inclusif (DNI). Pour le moment, les choses ne sont qu’à leur phase embryonnaire. Mais cette convergence de vue annonce de belles couleurs, j’allais dire, de lendemain meilleur. J’ose croire en la réalisation de ce qui convient d’appeler la « prophétie » annoncée depuis Anéfif en septembre…….2012. Ainsi soit-il.
A la semaine prochaine, inch’Allah.
Lassine M’Boua DIARRA
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