Sénégal : le PASTEF affiche sa puissance et son unité face aux rumeurs de divisions
- Amadou Diallo
- il y a 4 jours
- 3 min de lecture

Bousculé par des rumeurs de fractures internes, le PASTEF, parti au pouvoir au Sénégal, a organisé un méga-meeting ce samedi 8 novembre à Dakar. Une démonstration de force orchestrée par le Premier ministre Ousmane Sonko, destinée à prouver que le mouvement reste uni, populaire et fidèle à son président, Bassirou Diomaye Faye.
Une mobilisation massive pour réaffirmer l’autorité du parti
C’est sur l’esplanade du stade Léopold-Sédar-Senghor, à Dakar, que des dizaines de milliers de militants se sont rassemblés aux couleurs rouge et verte du parti. L’événement, baptisé par ses organisateurs « Téra-meeting », visait à répondre aux critiques et à consolider la base militante, un an et demi après la victoire du PASTEF à la présidentielle de mars 2024.
L’objectif était triple : montrer l’unité du parti face aux rumeurs de désaccords au sommet de l’État, remobiliser les troupes dans un contexte économique difficile et accuser l’ancien régime de Macky Sall d’être à l’origine des difficultés actuelles du pays.
Le ton du meeting, résolument offensif, a confirmé la volonté du PASTEF de reprendre l’initiative politique.
Ousmane Sonko hausse le ton contre l’ancien régime
Dans un discours très attendu, Ousmane Sonko n’a pas mâché ses mots. Il a qualifié l’Alliance pour la République (APR), parti de l’ex-président Macky Sall, de « parti criminel », allant jusqu’à appeler à sa dissolution.
« Tous nos maux aujourd’hui viennent de l’APR, de son président et du régime passé », a lancé le Premier ministre, pointant la responsabilité de l’ancien pouvoir dans l’affaire de la dette cachée révélée en 2024.
Mais au-delà de l’accusation, Sonko a aussi appelé à la cohésion interne, exhortant les militants à éviter les querelles et la « course aux postes ». Un message clair adressé à certains cadres du parti, dans un contexte où des ambitions personnelles menacent parfois l’équilibre interne.
Un contexte économique tendu et des rumeurs à apaiser
Le rassemblement intervient dans une période délicate pour le Sénégal. La révélation d’une dette publique cachée et la dégradation du climat économique ont suscité des interrogations sur la capacité du gouvernement à redresser la situation.
Dans le même temps, des rumeurs de tensions entre Ousmane Sonko et le président Bassirou Diomaye Faye circulaient depuis plusieurs semaines.
Ce meeting aura permis d’afficher une unité de façade, sinon de fond. « Nous ne voyons aucun problème entre Ousmane Sonko et le chef de l’État, jamais », a assuré un militant interrogé sur place.
Pour beaucoup de partisans, il s’agissait aussi de réaffirmer la fidélité de la jeunesse au parti. « On disait que la jeunesse avait tourné le dos au PASTEF. Nous avons voulu montrer le contraire », explique Cheikh Diop, militant de la première heure.
Les enjeux d’un rassemblement stratégique
Au-delà de la foule, le meeting visait à imposer un nouveau récit politique autour du PASTEF :
le récit de la rupture, en désignant le régime Sall comme la source des difficultés actuelles ;
le récit de l’unité, en affichant la cohésion entre Sonko et Diomaye Faye ;
le récit de la mobilisation, en prouvant que le parti garde une base populaire solide malgré les défis économiques.
Les défis à venir pour le pouvoir
Cette démonstration de force ne masque toutefois pas les interrogations à moyen terme.
D’abord, celle de la traduction des promesses en actes : le gouvernement devra concrétiser ses engagements en matière de transparence, d’emploi et de relance économique.
Ensuite, la gestion des ambitions internes au sein du PASTEF restera un défi majeur.
Enfin, les attaques contre l’APR pourraient tendre davantage le climat politique et poser la question du respect du pluralisme démocratique.
Un test politique réussi, mais un cap à maintenir
En définitive, le meeting du 8 novembre 2025 marque un tournant politique majeur pour le PASTEF.
Ousmane Sonko y a réaffirmé son leadership, le parti son unité, et la base militante sa fidélité.
Mais au-delà de cette victoire symbolique, le pouvoir devra prouver qu’il peut transformer la ferveur populaire en résultats concrets, dans un contexte économique et social de plus en plus exigeant.
Source : Bamako bamada
Haoua SANGARÉ
LETJIKAN








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