Bénin : l’arrestation de Chabi Yayi ravive les tensions politiques après le coup d’État manqué
- Amadou Diallo
- il y a 10 minutes
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Une semaine après l’annonce d’une tentative de coup d’État déjouée au Bénin, le climat politique se tend davantage avec l’interpellation de Chabi Yayi, cadre du principal parti d’opposition Les Démocrates et fils de l’ancien président Thomas Boni Yayi. Cette arrestation, intervenue dans un contexte sécuritaire particulièrement sensible, suscite de vives réactions au sein de l’opposition, qui dénonce une répression ciblée.
Selon plusieurs sources concordantes, Chabi Yayi, secrétaire national chargé des relations extérieures du parti Les Démocrates, a été arrêté à son domicile à Cotonou dans la nuit de samedi à dimanche 14 décembre, entre 2 heures et 6 heures du matin. L’opération aurait mobilisé des forces de sécurité lourdement armées, qui auraient procédé à une perquisition du domicile et saisi plusieurs équipements, notamment des ordinateurs.
Après son interpellation, Chabi Yayi a été entendu par les autorités avant d’être placé en garde à vue dans la soirée. D’après l’un de ses avocats, cette mesure serait liée à l’enquête en cours sur la tentative de coup d’État du 7 décembre, en raison de ses responsabilités au sein de la direction nationale du parti d’opposition.
Les Démocrates dénoncent une arrestation « arbitraire »
L’arrestation a immédiatement provoqué une réaction du parti Les Démocrates, présidé par l’ancien chef de l’État Boni Yayi. Dans un communiqué, la formation politique a exigé la libération immédiate de son responsable et a dénoncé ce qu’elle qualifie d’« enlèvement ».
Les avocats de Chabi Yayi évoquent, pour leur part, une violation des règles encadrant les heures légales de perquisition et de visite domiciliaire. Le parti affirme ne pas comprendre les motivations de cette interpellation, rappelant avoir publiquement condamné la tentative de coup d’État. « Nous sommes des démocrates et nous n’avons pas d’autre méthode que les voies légales et démocratiques », a déclaré Guy Mitokpè, secrétaire national à la communication des Démocrates. Deux jours après les faits, l’ancien président Boni Yayi avait également condamné la tentative de putsch dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
Une série d’arrestations qui inquiète l’opposition
L’interpellation de Chabi Yayi s’inscrit dans une vague plus large d’arrestations et de poursuites visant des figures de l’opposition depuis les événements du 7 décembre. Vendredi dernier, Candide Azannaï, ancien ministre de la Défense et figure emblématique de l’opposition, a été placé en garde à vue pour des accusations de « complot contre l’autorité de l’État » et « incitation à la rébellion ».
Par ailleurs, un mandat d’arrêt international a été émis contre l’activiste panafricaniste Kemi Seba, poursuivi pour « apologie de crimes contre la sûreté de l’État et incitation à la rébellion ». Plusieurs militaires impliqués dans la tentative de coup d’État, dont le leader présumé, le lieutenant-colonel Pascal Tigri, seraient toujours en fuite.
Ces développements alimentent les craintes d’une escalade des tensions politiques entre le pouvoir et l’opposition, dans un pays confronté à des défis sécuritaires et institutionnels majeurs.
Haoua SANGARÉ
LETJIKAN








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