Centrafrique : un rapport accablant met en cause les initiatives crypto du président Touadéra
- Amadou Diallo
- il y a 1 minute
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À dix jours de l’élection présidentielle centrafricaine, la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) publie un rapport sévère sur les projets de cryptomonnaies initiés par le président Faustin-Archange Touadéra. Du Sango Coin au meme coin $CAR, l’étude pointe des échecs répétés, un manque de transparence et des risques de mainmise criminelle sur les ressources nationales.
Sango Coin : un projet ambitieux mais infructueux
Lancé en 2022, le Sango Coin était présenté comme la cryptomonnaie nationale adossée au bitcoin, destinée à moderniser l’économie centrafricaine, attirer les investissements étrangers et financer des infrastructures, dont une « Crypto City » à Bangui. Les investisseurs devaient recevoir en échange la citoyenneté centrafricaine, un statut de e-résident et un accès privilégié aux ressources minières et forestières.
La Cour constitutionnelle a cependant invalidé ces dispositifs, estimant que citoyenneté, résidence et terres ne pouvaient être vendues contre des tokens. Résultat : seuls 10 % des 210 millions de tokens prévus ont été acquis, générant moins de 2 millions d’euros, sans comptabilité publique disponible sur l’utilisation de ces fonds. Les projets de « crypto-cité » et « d’île crypto » n’ont jamais vu le jour.
Meme coin $CAR : spéculation et zones d’ombre
En février 2025, le gouvernement a relancé la stratégie crypto avec le meme coin $CAR. Construit sur la blockchain Solana et inspiré du TRUMP coin, près de 80 % des tokens étaient concentrés dans un seul portefeuille lié au développeur anonyme du projet. La capitalisation a brièvement dépassé 900 millions de dollars avant de s’effondrer.
Le lancement a été chaotique : site web enregistré à la dernière minute, comptes suspendus sur les réseaux sociaux, soupçons d’éléments promotionnels générés par intelligence artificielle. Le gouvernement a également proposé de tokeniser 1 700 hectares de terres en concessions de 99 ans payables en $CAR, pour un total de ventes fin 2025 d’environ 38 000 dollars, sans preuve de bénéfice pour le Trésor public.
Un cadre juridique insuffisant face aux risques
Le rapport souligne l’absence de garde-fous dans la loi de juillet 2023 autorisant la tokenisation des ressources naturelles, laissant le pays exposé au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Cette dépendance vis-à-vis d’acteurs étrangers, notamment le groupe russe Wagner, renforce le risque de capture des ressources par des réseaux criminels. Plusieurs personnes impliquées dans les projets crypto ont par ailleurs été accusées ou condamnées pour fraude dans d’autres juridictions.
Entre ambitions numériques et réalités du terrain
Le rapport met en évidence le paradoxe centrafricain : dans un pays où l’accès à l’électricité, à internet et à la téléphonie reste limité, la participation de la population aux marchés des cryptomonnaies est quasi impossible. Selon l’étude, ces initiatives servent davantage les intérêts d’une élite que ceux de la population, tout en augmentant les risques financiers et en fragilisant la souveraineté nationale.
Un haut responsable gouvernemental a rejeté ces conclusions, les qualifiant de « politiquement motivées » et défendant les projets crypto comme des alternatives aux systèmes financiers traditionnels, historiquement peu inclusifs.
Source: Afrik.Com
Haoua SANGARÉ
LETJIKAN





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