Kayes réalise ses premières opérations de neurochirurgie : une avancée médicale historique pour la région

« Nous avons prouvé qu’il n’est plus nécessaire de parcourir des centaines de kilomètres pour sauver une vie », confie un chirurgien de l’hôpital Fousseyni Daou. Cette phrase résume l’importance du tournant vécu le mardi 9 décembre 2025 :

pour la première fois, deux opérations de neurochirurgie ont été réalisées avec succès à Kayes.

Les interventions, menées sur deux jeunes patients victimes de fractures crâniennes, marquent une étape décisive pour la région. Elles concrétisent plusieurs années d’efforts visant à doter l’hôpital d’un plateau technique capable d’assurer sur place des actes hautement spécialisés, jusque-là réservés aux structures de Bamako.

Un projet né d’une collaboration institutionnelle

Selon les responsables du service de chirurgie, cette avancée est le fruit d’un travail collectif mêlant renforcement des compétences, acquisition de nouveaux équipements et appui institutionnel. Pendant longtemps, la distance de plus de 600 kilomètres séparant Kayes de la capitale obligeait les familles à recourir à des évacuations coûteuses, avec un risque accru de complications.

Pour y remédier, le Conseil régional a financé le recrutement d’un neurochirurgien et d’un assistant médical anesthésiste. Une initiative saluée par son président, qui met en avant la « cohérence du partenariat entre le Conseil d’administration et la direction de l’hôpital », un engagement qui ouvre selon lui une nouvelle ère pour les soins spécialisés dans la région.

Un plateau technique modernisé

L’hôpital Fousseyni Daou a également été doté d’un lot d’équipements indispensables à la prise en charge neurochirurgicale :

– deux lampes scialytiques ;

– un respirateur ;

– un scope de surveillance ;

– un aspirateur chirurgical.

Ce matériel, attendu depuis plusieurs mois, permettra de renforcer les capacités de réponse aux urgences et de réduire les délais d’intervention, particulièrement critiques dans les traumatismes crâniens.

Un jalon dans la décentralisation des soins spécialisés

Cette avancée s’inscrit pleinement dans la stratégie du ministère de la Santé et du Développement social. La ministre, le Médecin Colonel-major Assa Badiallo Touré, a fait de la décentralisation des soins spécialisés une priorité, afin de garantir un accès équitable aux services de santé sur l’ensemble du territoire.

Avec l’ouverture effective de la neurochirurgie, Kayes devient l’un des exemples les plus concrets de cette ambition nationale.

Une montée en puissance attendue

Les acteurs du secteur sanitaire espèrent désormais une consolidation progressive du service, avec l’élargissement des pathologies prises en charge et le renforcement continu des compétences locales. Pour la population, l’impact est déjà perceptible : l’accès à des soins vitaux de proximité, sans transferts longs et incertains, devient enfin une réalité.

Haoua SANGARÉ

 LETJIKAN