Mondial 2026 : billets hors de prix et casse-tête logistique, les supporters maghrébins pénalisés ?
- Amadou Diallo
- il y a 12 minutes
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À plus d’un an du coup d’envoi de la première Coupe du monde à 48 équipes, prévue en 2026 aux États-Unis, au Canada et au Mexique, les premières inquiétudes émergent déjà. Entre des tarifs de billetterie jugés prohibitifs et une organisation logistique complexe, notamment pour certaines sélections africaines, le Mondial nord-américain suscite un malaise croissant. Les supporters maghrébins, réputés pour leur ferveur et leur forte mobilisation, pourraient en être les premières victimes.
La FIFA a récemment dévoilé les prix des billets pour plusieurs affiches majeures de la phase de groupes, et le constat est sans appel : assister à certains matchs relèvera d’un luxe réservé à une minorité. Les rencontres impliquant des sélections populaires comme le Maroc ou l’Algérie illustrent particulièrement cette dérive inflationniste.
Des tarifs qui interrogent l’accessibilité du Mondial
Pour le choc très attendu entre le Brésil et le Maroc, programmé au MetLife Stadium de New York, les billets en catégorie standard sont affichés entre 165 et 305 dollars. Les places premium, quant à elles, atteignent des sommets vertigineux, dépassant les 7 000 dollars, voire bien au-delà avec le système de tarification dynamique fondé sur l’offre et la demande en vigueur aux États-Unis.
À ces montants s’ajoutent des coûts annexes considérables : vols transatlantiques, hébergement dans l’une des villes les plus chères au monde et frais de séjour quotidiens. Une équation financière qui rend l’événement inaccessible pour une large partie des supporters.
Le duel entre l’Argentine, championne du monde en titre, et l’Algérie affiche des tarifs tout aussi dissuasifs. Les supporters des Fennecs, traditionnellement nombreux à se déplacer, devront consentir à des dépenses de plusieurs milliers d’euros pour suivre leur sélection. Une réalité difficilement compatible avec le contexte économique actuel, tant en Afrique du Nord qu’en Europe.
Un parcours éprouvant pour l’Algérie
Au-delà de la question financière, l’organisation sportive du tournoi suscite également des interrogations. Le tirage au sort a placé l’Algérie dans une configuration logistique particulièrement exigeante. Les Verts devront enchaîner des déplacements de plusieurs milliers de kilomètres à travers le continent nord-américain durant la phase de groupes.
Ainsi, après une première rencontre face à l’Argentine à Kansas City le 17 juin, la sélection algérienne devra parcourir près de 2 500 kilomètres pour affronter la Jordanie en Californie le 23 juin, avant de revenir à Kansas City pour défier l’Autriche le 28 juin. Un véritable marathon continental, aux conséquences potentielles sur la récupération physique des joueurs.
Cette dispersion géographique constitue également un surcoût majeur pour les supporters, contraints de multiplier les vols intérieurs et les frais d’hébergement, rendant tout suivi continu de l’équipe quasiment irréaliste.
Un format contesté au nom de l’équité
Cette première Coupe du monde élargie à 48 équipes pose plus largement la question de l’équité sportive et de la cohérence organisationnelle. Si certaines sélections bénéficieront d’une relative proximité entre leurs sites de compétition, d’autres devront composer avec la fatigue liée aux longs déplacements et aux décalages horaires.
La volonté de la FIFA d’élargir le tournoi et de conquérir de nouveaux marchés se heurte ainsi aux réalités géographiques d’un territoire immense. Cette stratégie accentue une tendance déjà dénoncée : l’embourgeoisement progressif du football de sélections, au risque d’exclure les supporters populaires qui en constituent l’âme.
Malgré les tentatives de certaines fédérations pour négocier des quotas de billets à prix réduits pour leurs ressortissants, ces mesures apparaissent insuffisantes face à l’ampleur du
phénomène. De son côté, la FIFA met en avant les retombées économiques attendues, sans répondre pleinement aux critiques sur l’accessibilité et l’équité.
Le Mondial 2026 promet d’être spectaculaire sur le plan sportif, avec des affiches inédites et l’entrée en lice de nouvelles nations. Reste une question centrale : cette Coupe du monde sera-t-elle réellement celle des peuples, ou celle d’une élite capable d’en assumer le coût ?
Source : Afrik.Com
Haoua SANGARÉ
LETJIKAN








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