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11 novembre : en Afrique, un devoir de mémoire réinventé

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Chaque année, le 11 novembre commémore la signature de l’armistice de 1918, marquant la fin de la Première Guerre mondiale. En Afrique, cette date dépasse désormais le simple hommage aux soldats tombés pour les empires coloniaux : elle devient un moment de mémoire partagée, d’introspection nationale et de quête de reconnaissance pour ceux dont le sacrifice a longtemps été ignoré.

Une mémoire partagée, entre héritage et réappropriation

Sur le continent, la journée du 11 novembre rappelle que des milliers d’Africains — tirailleurs, supplétifs ou travailleurs forcés — ont combattu pour les puissances européennes. Mais dans plusieurs pays, la commémoration prend aujourd’hui une dimension nouvelle : elle relie le passé colonial à la souveraineté actuelle.

Au Lesotho, par exemple, la cérémonie s’est tenue sous le thème : « Armistice ahead of 60 years independence », liant mémoire des guerres mondiales et célébration de l’indépendance nationale. En Eswatini, autorités militaires et religieuses se sont réunies pour saluer « les braves hommes et femmes » tombés pour la paix, qu’ils aient combattu sur les fronts européens ou africains.

Ces initiatives traduisent la volonté de replacer la mémoire africaine dans un récit global, tout en soulignant la question persistante : comment ces nations intègrent-elles leur passé colonial dans leur identité contemporaine ?

Reconnaissance et justice mémorielle

Au-delà de la commémoration, le 11 novembre invite à réfléchir au sort des anciens combattants africains. Un siècle après l’armistice, la reconnaissance reste souvent incomplète.

À Cape Town, en Afrique du Sud, la cérémonie de cette année a honoré « 25 000 citoyens de toutes races et croyances morts pendant la Première Guerre mondiale ». Une mention significative qui marque le passage d’un hommage colonial à une mémoire inclusive. Elle souligne aussi les défis persistants : manque de visibilité, lieux de mémoire rares, récits encore fragmentés.

 

Un symbole universel, des significations locales

Dans un contexte africain marqué par des tensions internes et régionales, le 11 novembre dépasse la symbolique militaire. À Cape Town, diplomates, militaires et civils ont observé une minute de silence avant un dépôt de gerbes, élargissant l’hommage à « toutes les vies perdues dans les conflits passés et présents ».

Ainsi, la commémoration devient un espace de dialogue : un rappel des tragédies partagées et une revendication de mémoire pour les peuples africains. Du Sénégal à l’Eswatini, du Lesotho à l’Afrique du Sud, les cérémonies traduisent la même aspiration : dépasser le seul hommage colonial pour construire une mémoire nationale, panafricaine et universelle.

 

Source: Afrik.Com

 

Haoua SANGARÉ

LETJIKAN


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