Algérie : Boualem Sansal gracié par le président Tebboune — un geste à la fois humanitaire et diplomatiquePar Ali Attar — Alger, 12 novembre 2025
- Amadou Diallo
- 13 nov.
- 2 min de lecture

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a accordé, ce mercredi 12 novembre, une grâce présidentielle à l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 81 ans.
Cette décision, rendue publique par un communiqué officiel de la présidence, s’inscrit dans le cadre des prérogatives constitutionnelles du chef de l’État et répond à une demande humanitaire formulée par le président allemand Frank-Walter Steinmeier.
Selon le texte, cette mesure illustre « la tradition d’humanisme et de dialogue » de l’Algérie dans ses relations internationales. L’Allemagne, de son côté, s’est engagée à accueillir l’écrivain et à assurer sa prise en charge médicale, en raison de son âge avancé et de son état de santé fragile.
Un écrivain au parcours singulier et controversé
Auteur reconnu sur la scène littéraire mondiale, Boualem Sansal s’est illustré par des ouvrages comme Le Village de l’Allemand ou 2084, traduits dans plusieurs langues. Son ton critique à l’égard du pouvoir algérien lui a souvent valu des controverses.
Arrêté en novembre 2024, il faisait l’objet d’une procédure judiciaire pour des propos jugés attentatoires à l’unité nationale. Son cas avait suscité un vif débat autour des limites de la liberté d’expression en Algérie et du respect de la cohésion sociale.
En choisissant la voie de la clémence, le président Tebboune affirme la volonté de l’État algérien de placer les considérations humanitaires au-dessus des différends politiques, notamment pour les personnes âgées nécessitant des soins spécialisés.
Une médiation diplomatique menée par Berlin
Cette grâce intervient à l’issue d’une discrète médiation allemande conduite depuis plusieurs mois. Selon des sources diplomatiques, le président Frank-Walter Steinmeier avait personnellement plaidé la cause de Sansal, dans un esprit d’entente humanitaire et de coopération bilatérale.
Le choix d’un dialogue direct entre Alger et Berlin, en dehors des canaux traditionnels avec Paris, traduit la volonté algérienne de diversifier ses partenariats et d’aborder les dossiers sensibles avec pragmatisme.
Ce contournement de la voie française, bien que symbolique, souligne également une évolution dans la diplomatie régionale, où l’Algérie privilégie les relations fondées sur la réciprocité et le respect mutuel.
Un signal d’apaisement et d’ouverture maîtrisée
Au-delà du cas Sansal, ce geste revêt une forte portée diplomatique. Il traduit la capacité de l’Algérie à conjuguer fermeté sur les questions de souveraineté et ouverture au dialogue international.
Dans un contexte mondial marqué par les tensions, Alger entend se présenter comme une puissance régionale stable, capable d’initiatives équilibrées conciliant principe, humanisme et pragmatisme politique. La grâce présidentielle accordée à Boualem Sansal apparaît ainsi comme un message d’apaisement, mais aussi comme une démonstration de maturité diplomatique : celle d’un État souverain, capable de répondre à un appel humanitaire sans renoncer à ses fondements.
Source : Afrik.Com
Haoua SANGARÉ
LETJIKAN








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