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Attaques dans la région de Kayes : l’économiste Makalou dénonce une « guérilla économique » contre le Mali.

Modibo Mao Makalou
Modibo Mao Makalou

La récente recrudescence des attaques terroristes dans la région de Kayes inquiète au plus haut point les observateurs économiques. Invité de l’émission Le Grand Jury ce jeudi 3 juillet 2025, l’économiste Modibo Mao Makalou a tiré la sonnette d’alarme, dénonçant une véritable « guérilla économique » visant à asphyxier le pays. Cette déclaration intervient 48 heures après une série d’attaques coordonnées qui ont visé sept positions de l’armée malienne, dont plusieurs dans le cercle de Bafoulabé, une zone jusque-là relativement épargnée.

 

Kayes, une région stratégique visée

Pour Modibo Makalou, le choix de Kayes n’est pas anodin. « Cette région est l’une des principales voies d’approvisionnement du pays et abrite plusieurs unités industrielles », a-t-il expliqué. Trois de ces unités ont été détruites lors des assauts du 1er juillet. Kayes représente également un maillon essentiel dans le corridor Bamako-Dakar, par lequel transite 70 % des exportations maliennes.

 

Selon l’économiste, ces attaques viennent s’ajouter à la crise énergétique qui fragilise déjà le secteur industriel, dont la contribution à l’économie malienne plafonne à 6 % du PIB. « Cela va affecter nécessairement le secteur secondaire », a-t-il prévenu.

 

Mines d’or, coton : des piliers fragilisés

Makalou a insisté sur le rôle crucial des mines de Loulo-Gounkoto, situées dans la région, qui représentent à elles seules un tiers des recettes minières de l’État et emploient quelque 8 000 travailleurs. « Ce sont les deux plus grandes mines d’or du Mali, la deuxième d’Afrique et parmi les dix plus grandes au monde », a-t-il rappelé.

 

Il a également évoqué le déclin du coton, longtemps fleuron de l’économie malienne. « Le coton est en train de baisser en tant que culture d’exportation, et cela est très dangereux pour nous », a-t-il averti. Le secteur primaire (agriculture, élevage, forêt), qui pesait 40 % du PIB, n’en représente désormais plus que 35 %, a-t-il ajouté.

 

Climat des affaires et finances publiques sous pression

« L’argent n’aime pas le bruit », a martelé Makalou, déplorant l’incertitude qui plane sur le climat des affaires. « Si les règles du jeu sont changées en cours de match, les investissements vont plonger. Or, ce sont eux qui font décoller le pays », a-t-il souligné.

 

Il a également pointé du doigt l’explosion de la masse salariale, qui absorbe près de 50 % des recettes publiques, bien au-delà des 35 % recommandés par l’UEMOA. Passée de 800 à plus de 1 000 milliards de FCFA en quelques années, cette hausse, selon lui, se fait « au détriment des investissements publics » essentiels tels que les routes et les écoles.

 

Enfin, Makalou a rappelé que le Mali n’a jamais atteint l’objectif de croissance économique de 7 % nécessaire pour impulser un véritable développement. « La paix sociale n’a pas de prix, mais elle a un coût », a-t-il conclu, appelant les autorités à agir rapidement pour éviter une asphyxie économique et un isolement de la région de Kayes.


Haoua Sangaré

LETJIKAN

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