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Mali : le rêve d’un renouveau devenu calvaire collectif

Vue aérienne d'un village malien
Vue aérienne d'un village malien

Bamako, 26 octobre 2025 – Le Mali traverse une période de profonde incertitude. Ce qui devait être une ère de renouveau, portée par la volonté populaire et la promesse du changement, s’est transformé en une phase de désillusion nationale. L’espoir né des mouvements de contestation et de la transition s’est peu à peu effrité, miné par les dérives du pouvoir et l’enfermement du pays dans une logique strictement militaire.

Un espoir détourné

Au lendemain des mobilisations citoyennes ayant conduit à la chute du précédent régime, les Maliens aspiraient à une transition fondée sur la justice, la souveraineté et la reconstruction de l’État. Mais, très vite, ces idéaux ont été récupérés par certains acteurs du mouvement eux-mêmes.

Pour nombre d’observateurs, ce qui devait être un projet collectif de refondation s’est transformé en ascenseur politique personnel pour quelques-uns.

De cette recomposition est né un pouvoir détenu par un groupe restreint de militaires, imposé par un savant mélange d’opportunisme et de manipulation des attentes populaires. Une situation que beaucoup considèrent aujourd’hui comme une erreur collective, issue à la fois de la fatigue du peuple et de sa soif de changement.

La compromission politique et la confiscation du pouvoir

Plutôt que de jouer leur rôle de contre-pouvoir, une partie de la classe politique a choisi la compromission. Des figures en perte de crédibilité ont préféré s’allier au pouvoir en place, troquant leurs convictions contre des avantages politiques.

Ces alliances, présentées comme des démarches d’unité nationale, ont en réalité légitimé la mainmise du pouvoir militaire sur la transition.

Résultat : la parole publique s’est rétrécie, la pluralité politique s’est affaiblie, et la gouvernance s’est refermée sur elle-même.

Une gouvernance centrée sur la guerre

Depuis plusieurs mois, les autorités ont fait de la lutte contre le terrorisme le principal pilier de leur action. Si cet objectif reste essentiel, il ne saurait, selon plusieurs analystes, constituer à lui seul un projet national.

La reprise de Kidal, symbole de souveraineté retrouvée, n’a pas suffi à ramener la stabilité. La violence s’est déplacée vers d’autres régions — du Nord au Centre, jusqu’au Sud et à la capitale. Les conséquences sont lourdes : écoles fermées, terres abandonnées, familles appauvries.

Pendant que les armes parlent, l’économie s’étouffe : près de 90 % des Maliens vivent désormais au jour le jour.

Un contraste régional frappant

Comparé à ses voisins, le Mali semble s’enfoncer dans une crise de gouvernance.

Au Burkina Faso, les autorités affichent une vision articulant sécurité et développement, tandis qu’au Niger, l’incertitude politique reste totale.

Au Mali, la confusion grandit : la transition peine à inspirer confiance, les institutions s’affaiblissent et le lien entre gouvernants et citoyens s’effrite.

Un peuple résilient face à la désillusion

Malgré cette situation, le peuple malien ne cède pas au désespoir.

Fatigués, mais attachés à leur pays, les Maliens aspirent toujours à un avenir meilleur — à une gouvernance juste, humaine et respectueuse des promesses initiales de changement.

Pour beaucoup, il est temps de rompre avec la peur, la résignation et le silence, et de réclamer une nouvelle voie.

Pour un Mali de dignité et de renouveau

La reconstruction du Mali, affirment plusieurs voix de la société civile, ne se fera ni par les armes, ni par la propagande, mais par un retour à une gouvernance transparente et inclusive.

Cela passe par un dialogue national, la restauration du pluralisme politique, et une vision économique centrée sur le citoyen.

Car, malgré les épreuves, le Mali reste debout.

Et aucun pouvoir, aussi fort soit-il, ne pourra étouffer le souffle d’un peuple déterminé à retrouver sa justice, sa liberté et sa dignité.

 

Source: Afrik.Com

 

Haoua Sangaré

LETJIKAN


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