Restitution du tambour parleur : la France rendra le Djidji Ayôkwé à la Côte d’Ivoire.
- Amadou Diallo
- 9 juil.
- 2 min de lecture

Plus d’un siècle après sa saisie par les troupes coloniales françaises, le tambour parleur Djidji Ayôkwé s’apprête à retrouver la Côte d’Ivoire. Lundi 7 juillet 2025, l’Assemblée nationale française a adopté à l’unanimité une loi autorisant la restitution de cet objet culturel majeur, officiellement réclamé par Abidjan depuis six ans.
Ce vote permet de « déclasser » le tambour des collections publiques, en dérogeant au principe d’inaliénabilité qui protège habituellement les biens des musées nationaux. La restitution devrait intervenir d’ici la fin de l’année. Pour Bertrand Sorre (Renaissance), rapporteur du texte, il s’agit là d’un geste fort qui participe à « la réparation d’une extorsion ».
Vers une loi-cadre pour les œuvres coloniales
Ce débat relance également la question plus large des biens culturels pillés durant la colonisation. À la tribune, la ministre de la Culture Rachida Dati a confirmé la volonté du gouvernement de présenter « d’ici la fin juillet » un projet de loi-cadre pour faciliter ces restitutions. Ce texte devrait être examiné en première lecture à l’automne.
Toutefois, Mme Dati a prévenu qu’il ne s’agirait pas d’une « repentance idéologique » et a mis en garde contre « toute instrumentalisation des débats ». Une position nuancée qui contraste avec celle des élus de gauche.
« Ce n’est pas une faveur, c’est une réparation »
Pour la présidente de la commission des Affaires culturelles, Fatiha Keloua Hachi (PS), ce vote est un acte de justice : « La restitution que nous votons aujourd’hui n’est pas une faveur, c’est une réparation. Il est temps d’enseigner l’histoire coloniale dans toute sa complexité, sa brutalité et surtout dans sa vérité. »
Même tonalité chez l’écologiste Sabrina Sebaihi, qui a estimé que « tout ce qui a été pillé et volé doit être restitué comme autant de preuves tangibles que la France sait regarder son passé en face ».
Consensus prudent à droite et à l’extrême droite
Le Rassemblement national (RN), par la voix de Frédéric-Pierre Vos, a soutenu la restitution tout en insistant sur l’absence de « repentance ». Du côté des Républicains, le député Sébastien Martin a appelé à « rendre » le tambour, mais a rappelé l’attachement de son groupe à voir la France rester « un carrefour universel de la culture » où des institutions comme le Quai Branly et le Louvre permettent de « protéger et transmettre le patrimoine mondial ».
Ce vote historique marque une étape importante dans la politique de restitution culturelle de la France, amorcée en 2017 par le président Emmanuel Macron, et qui pourrait s’accélérer avec l’adoption de la future loi-cadre.
Haoua Sangaré
LETJIKAN
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