Régularisation des sans-papiers : entre solidarité et rentabilité, le débat relancé
- Amadou Diallo
- il y a 4 jours
- 2 min de lecture

« Notre politique migratoire actuelle est un double gâchis : humain et financier. » Par ces mots, Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France terre d’asile, a ravivé le débat sur la régularisation des travailleurs sans-papiers. Selon une étude publiée vendredi dans L’Humanité, cette mesure pourrait rapporter jusqu’à 3,3 milliards d’euros par an à l’État français.
Un argument économique pour une approche plus humaine
Alors que le Parlement examine le budget 2026, l’ONG appelle à un changement de cap. Elle dénonce des politiques de lutte contre l’immigration irrégulière jugées coûteuses et inefficaces, et plaide pour une régularisation massive des travailleurs sans-papiers.
D’après l’étude, la France économiserait plusieurs centaines de millions d’euros en limitant les expulsions et le recours aux centres de rétention administrative. La suppression des OQTF (obligations de quitter le territoire français) permettrait d’économiser environ 40 millions d’euros, tandis qu’une rétention plus ciblée dégagerait 219 millions supplémentaires.
Mais le principal levier serait la régularisation de 250 000 travailleurs sans-papiers, qui, une fois déclarés, contribueraient via cotisations sociales et impôts. Pour France terre d’asile, il s’agirait d’une politique à la fois « plus humaine et économiquement efficace ».
Des projections contestées
Cette vision optimiste ne fait pas consensus. Plusieurs économistes jugent les estimations de l’ONG trop généreuses, pointant un risque d’effets à long terme sur les finances publiques et l’emploi.
Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a rappelé que la France compterait déjà environ 700 000 personnes en situation irrégulière, un chiffre susceptible d’augmenter en cas de régularisation élargie.
L’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID) adopte une position diamétralement opposée. Selon une étude citée par Le Figaro, l’immigration coûterait 3,4 % du PIB chaque année, notamment en raison d’un taux d’emploi inférieur chez les immigrés et d’un recours accru aux aides sociales.
Son directeur, Nicolas Pouvreau-Monti, estime qu’« encourager une immigration de travail supplémentaire ne serait pas bénéfique pour les finances publiques ».
Entre humanité et pragmatisme budgétaire
Le débat oscille ainsi entre solidarité et rigueur économique.
Pour les défenseurs de la régularisation, il s’agit d’une mesure de justice sociale et d’un moyen d’élargir la base fiscale. Pour ses opposants, c’est une politique risquée qui pourrait fragiliser l’équilibre budgétaire et encourager de nouveaux flux migratoires.
En filigrane, une question demeure : la France peut-elle faire de la solidarité un investissement rentable ?
Source : Bamako bamada
Haoua SANGARÉ
LETJIKAN








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